C'était de la science-fiction, mais aujourd'hui j'ai un peu l'impression qu'on y arrive: plusieurs pays ont des clôtures, barbelées ou pas, à l'une de leurs frontières: Les États-Unis, du côté du Mexique, pour empêcher les latinos d'entrer; l'Inde, tout le long de la frontière avec le Bangladesh, mais aussi L'Espagne, ou peut-être pourrait-on dire l'Europe, le long de l'enclave marocaine de Melilla, pour empêcher les africains d'entrer.
J'ai le sentiment qu'il n'y a pas besoin d'aller chercher très loin la raison première de tout ça. La xénophobie semble souvent une explication satisfaisante des difficultés d'intégration -ou du lynchage- des étrangers. Maintenant qu'on a des frontières bien définies, on en profite pour mettre du fil qui chatouille et des forces de gendarmerie spéciales pour tirer sur ceux qui voudraient les traverser :
"Le Sénat français s'est ainsi inquiété, en mai 2008, du sort réservé aux étrangers interpellés [par la force de surveillance européenne des frontières FRONTEX, dotée d' "équipes d'intervention rapide aux frontières" destinées à empêcher le franchissement non-autorisé de la frontière de l'État membre, conformément à la législation nationale dudit État"] Quelle législation leur est applicable? Comment peuvent-ils faire valoir leurs droits -par exemple, déposer une demande d'asile-puisque les agents qui les arrêtent n'ont pas reçu la formation adéquate?"
Source: Le Monde-la vie, hors-série, P. 123
Et puis tant qu'a faire, on crée un ministre de l'immigration, de l'intégration et de l'identité française, (tiens, le concept d'identité nationale n'est pas un concept flottant et changeant selon les époques?) et on y nomme un Brice Hortefeux et lui fait dire que les passeurs sont vraiment des criminels pour faire subir des conditions de traversée aussi atroces à leurs clients, alors que le seul but du discours est d'empêcher la traversée, pourquoi pas quitte à couler passeurs et passants :
" En Juin 2007 , Brice Hortefeux, ministre de l'Immigration, accueille à Toulon les corps de 18 boat people noyés au large de Malte, il annonce qu'il est est déterminé à renforcer la répression contre les passeurs, ces "esclavagistes de notre temps". Six mois plus tard, après la collision entre un navire de la police aux frontières et un bateau de migrants-l'accident avait entraîné la mort de plusieurs de ces derniers-, le même ministre rappelle que "le gouvernement est résolu à lutter contre ces filières qui exploitent la misère des migrants clandestins en les précipitant sur des embarcations incertaines, au risque de leur vie"[...] En août 2007, le ministre de l'Intérieur espagnol a ainsi pu annoncer une baisse de l'ordre de 70% du nombre de barques arrivées aux Canaries. Dans la même période, le nombre de cadavres retrouvés sur les côtes de l'archipel a augmenté, lui, de presque 50%."
même source, P. 125
Il y aurait de bonnes raisons de laisser les "étrangers" entrer, en plus. Notre taux de natalité baisse, si on est dans une logique où on souhaite que l'humanité se perpétue sans recourir au clonage ou aux familles catholiques nombreuses, on pourrait avoir intérêt à ouvrir grand les frontières à l'échelle européenne*. Et puis quoi de mauvais à un monde multiculturel? Ah, on aime pas les bronzés?? Les romains eux-mêmes, à qui on doit pas mal de choses, avaient-ils la peau claire? Sans doute pas.
Et comme on finit par causer multiculturalisme, je vous laisse sur cette vidéo tournée par mon popa qui permettra de finir sur une touche moins désespérante:
*:La France a actuellement suffisemment de personnes au chômage dans sa propre population et un taux de fécondité suffisant pour ne pas devoir avoir recours à l'immigration choisie. Ce n'est pas le cas des autres pays d'Europe, qui ne sont pour autant en aucun cas forcés de recourir à cette politique. La source est toujours le même magazine.
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